Page 112 - Livre électronique des RFTP 2024
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PHOTOSENSIBILITE MEDICAMENTEUSE
Y. MAHJOUBI, A. ZAIEM, O. CHARFI, W, KAABI, I. HAMZA, G. LAKHOUA, S. EL AIDLI.
SERVICE DE RECUEIL ET D'ANALYSE DES EFFETS INDESIRABLES, CENTRE NATIONAL DE
PHARMACOVIGILANCE
INTRODUCTION
La photosensibilité médicamenteuse est une toxidermie généralement modérée,
qui survient suite à l’association d’une prise médicamenteuse à une exposition aux
ultraviolets ou à la lumière visible [1. Peu d’études ont étudié dans la population
tunisienne, de phénotype méditerranéen, de telles réactions cutanées.
OBJECTIF: Analyser les caractéristiques cliniques et épidémiologiques des cas de
photosensibilité médicamenteuse et déterminer les médicaments les plus
incriminés.
METHODES: Il s’agit d’une étude rétrospective qui a concerné toutes les
notifications de photosensibilité médicamenteuse, parvenues au Centre National
de Pharmacovigilance durant une période de 11 ans de janvier 2012 à décembre
2022.
RESULTATS: Nous avons colligé 130 cas. L'âge médian des patients était de 58ans
(8 à 83 ans). Le sex-ratio F/H était de 1,95. Les médecins notificateurs étaient des
dermatologues dans 50,8% des cas, des généralistes dans 15,4% des cas. Les
autres notifications (33,8%) ont été parvenues d’autres spécialités diverses
(carcinologie, médecine interne, pneumologie et rhumatologie). Le diagnostic de
photosensibilité a été posé par le médecin du centre de pharmacovigilance dans
51,5% des cas et par le médecin traitant dans le reste des cas (48,5%). Les
pathologies chroniques étaient présentes chez 115/130 patients. Le délai
d'apparition variait de 6 heures à 20 ans. L’atteinte cutanée était localisée aux zones
photo-exposées dans 95,7% des cas. L’éruption était généralisée dans 4,3% des
cas. Les lésions étaient prurigineuses dans 45,4% des cas. Un œdème a été associé
dans 20% des cas. Un seul cas de photo-onycholyse associé à la doxycycline a été
noté. Les classes médicamenteuses incriminées étaient les médicaments
cardiovasculaires, les antibiotiques, les anti-inflammatoires, les anticancéreux, les
antifongiques et les antiépileptiques. Le mécanisme était la toxicité dans 85,4% des
cas et la photoallergie dans 14,6% des cas.
CONCLUSIONS: La photosensibilité médicamenteuse demeure un effet
indésirable nettement sous-estimé en raison de la difficulté de reconnaissance
clinique et du défaut de documentation.
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